L’histoire coloniale de l’Île Maurice a profondément marqué l’identité et la culture mauricienne actuelle. Cet article explore les différentes étapes de cette histoire riche en événements, ainsi que les apports et influences des différents groupes ethniques qui ont contribué à façonner l’île telle qu’elle est aujourd’hui.
L’émergence d’une île coloniale : Les premiers établissements
L’Île Maurice est située dans l’océan Indien, à environ 800 kilomètres à l’est de Madagascar. Elle fut découverte au début du XVIème siècle par les navigateurs portugais, mais c’est au cours du premier tiers du XVIIème siècle que les Hollandais s’y sont établis pour la première fois.
Cependant, ces premières tentatives d’établissement hollandais furent infructueuses en raison de difficultés à instaurer une économie viable. Ils abandonnèrent finalement l’île en 1710. Au-delà de leur présence historique, les Hollandais ont légué à l’île le nom de « Maurice », en l’honneur du Prince Maurice de Nassau, gouverneur des possessions néerlandaises.
Registres d’appropriation : Le système colonial français
Ce n’est qu’en 1715 que la France prit possession de l’île, jusqu’alors inoccupée depuis le départ des Hollandais, et la rebaptisa « Île de France ». Rapidement, les Français développèrent des infrastructures et une économie autour de l’agriculture, notamment la canne à sucre. Cette dernière devenant rapidement un élément clé de l’économie locale.
Le système colonial français instauré à cette époque s’appuyait sur le travail forcé d’esclaves d’origine africaine et malgache, que les colons exploitèrent pour cultiver leurs terres. Les esclaves étaient principalement originaires de Mozambique, du Madagascar, ou encore de Guinée. Cette histoire tragique a laissé une profonde empreinte dans la mémoire collective mauricienne et continue d’influencer la culture aujourd’hui.
Les influences britanniques et l’abolition de l’esclavage
En 1810, suite aux guerres napoléoniennes, l’île devient une colonie britannique, alors même que sa population est largement de culture française. L’arrivée des Britanniques marque aussi le début de profondes mutations sociales.
En effet, en 1835, les autorités britanniques abolirent officiellement l’esclavage, libérant ainsi plus de 60 000 esclaves. Pour remplacer ce manque de main-d’œuvre, les Britanniques firent venir des travailleurs engagés originaires d’Inde, principalement du Tamil Nadu, de l’Andhra Pradesh et du Bihar. Ces Indiens amenèrent avec eux leur propre culture, religion et traditions, enrichissant davantage la mosaïque mauricienne.
La contribution des groupes ethniques :
Les descendants d’esclaves africains et malgaches
Tant lors de la période française que britannique, les esclaves et leurs descendants ont joué un rôle crucial dans le développement économique de l’île. Aujourd’hui encore, les descendants d’esclaves, dits « Créoles », représentent une part importante de la population mauricienne (environ 30%). Leur influence se ressent notamment dans la musique et la danse, avec des rythmes originaires d’Afrique et de Madagascar comme le séga et le maloya.
Les travailleurs engagés indiens
Originaires principalement du sud et du nord-est de l’Inde, deux groupes distincts émergent parmi les descendants de travailleurs engagés : les Indo-Mauriciens et les Tamouls. Ensemble, ils représentent plus de 65% de la population actuelle. Cette présence massive de citoyens d’origine indienne a fortement contribué à l’adoption de plusieurs éléments culturels et religieux propres à l’Inde, tels que les temples hindous, le mariage traditionnel ou encore les fêtes religieuses telles que Diwali ou Holi.
La communauté sino-mauricienne
Les premiers Chinois sont arrivés sur l’île à partir du milieu du XIXème siècle. Ils étaient essentiellement commerçants et artisans, mais ont également participé au développement de l’économie mauricienne en développant notamment une industrie agroalimentaire locale. Bien qu’ils ne représentent qu’environ 3% de la population, les Sino-Mauriciens ont une forte influence dans le commerce mauricien. Leur présence est également visible à travers l’organisation du Nouvel An chinois chaque année.
Poursuite de la traversée du siècle : L’histoire depuis les années 50
Au cours des années 50 et 60, l’île connut d’importantes transformations politiques avec une démocratisation progressive de la vie politique, notamment grâce à l’introduction du suffrage universel en 1959 et l’accès à l’autonomie interne en 1961. Finalement, en 1968, l’île accède à l’indépendance et se constitue en république au sein du Commonwealth.
Cette indépendance permit aux dirigeants mauriciens de prendre en main leur destinée et d’affirmer leur identité nationale tout en restant attachés au legs colonial. Cela s’exprime notamment par le maintien de l’anglais en tant que langue officielle, tandis que le français demeure largement employé.
Une culture riche et plurielle : La diversité ethnique aujourd’hui
Les différentes communautés qui composent la société mauricienne sont aujourd’hui profondément imbriquées, donnant lieu à un métissage culturel unique en son genre. On trouve ainsi une véritable culture créole, fruit de ce brassage historique dont témoignent les pratiques culinaires, musicales et traditionnelles toujours vivaces sur l’île.
D’autre part, cette diversité ethnique et religieuse invite au dialogue intercommunautaire dans lequel chacun apprend à vivre avec l’autre, à respecter ses différences et à valoriser l’enrichissement mutuel. Pour plus d’informations, on peut dire que cette spécificité fait aujourd’hui la force de la République de Maurice, dont la devise nationale, « Star and Key of the Indian Ocean » (Étoile et Clé de l’océan Indien), reflète bien la volonté de rayonnement.